L'amiante reste un problème de santé toujours actuel
April 23, 2020 | News | No Comments
L’éradication de l’amiante est loin d’être réalisée en France, car tous les bâtiments publics et privés construits avant 1997(date de son interdiction en France) en contiennent potentiellement. Rendu public en juillet 2014, un rapport sénatorial pointe les faiblesses de la lutte contre ce fléau et veut faire de la prévention des risques liés à l’amiante une grande cause nationale.
Compte tenu du délai entre l’exposition et la survenue de la maladie, 60 000 à 100 000 décès liés à l'amiante sont attendus dans les 20 à 25 ans à venir.
Amiante : l’indemnisation des victimes pose toujours problèmeLe 28 février 2013, la commission des affaires sociales a créé un comité de suivi
amiante afin de dresser un bilan de la mise en œuvre des propositions formulées en 2005. Regroupant des sénateurs issus de tous les groupes politiques, le comité a souhaité approfondir la réflexion sur l’indemnisation des victimes et les enjeux du désamiantage.
Selon le
rapport rendu public en juillet 2014 et après 42 auditions d’associations, professionnels du désamiantage, médecins, syndicats, experts, fonds d’indemnisation et branches professionnels du bâtiment, le comité de suivi constate que les propositions formulées en 2005 ont été majoritairement suivies (17 des 28 mesures préconisées en 2005). Celles-ci concernaient principalement les mesures à prendre pour la protection des travailleurs. Mais 7 propositions concernant l’indemnisation des victimes et son financement sont restées lettre morte, faute de moyens mais également de consensus sur l’idée de faire payer les entreprises ayant produit des matériaux amiantés. Relever le défi du désamiantageSelon le comité, la réglementation actuelle est globalement satisfaisante, mais quatre faiblesses ont été identifiées et les membres du comité mis en place en février 2013 avance autant de séries de propositions pour y pallier :1. Faire de la prévention des risques liés à l’amiante une grande cause nationale en mettant en place un pilotage national interministériel afin d’élaborer une stratégie nationale avec un calendrier et des priorités (sans doute sur plusieurs décennies) et la création d’une structure de coordination interministérielle rattachée au Premier ministre. Il faut également instituer une mission d’appui pour les maîtres d’ouvrage publics, flécher des crédits vers la recherche et le développement et créer une plateforme internet unique sur le risque amiante à destination à la fois du grand public et des professionnels ;2. Améliorer le repérage de l’amiante en formant de façon rigoureuse les personnes chargées d’établir les diagnostics, pour informer l’ensemble des professions du bâtiment des risques ; créer une base de données Internet avec tous les DTA (diagnostics techniques amiante) et renforcer la coordination et la cartographie ;3. Renforcer la sécurité des travailleurs exposés à l’amiante, en demandant notamment aux organisations professionnelles de sensibiliser leurs adhérents à ce risque, de renforcer le rôle des CHSCT et de l’inspection du travail et d’élargir la possibilité de “l’arrêt de chantier amiante“ ;4. Mieux protéger la population en général en abaissant le seuil d’amiante dans l’air déclenchant les travaux de désamiantage, mieux informer les particuliers sur la gestion des déchets, aider les employeurs publics à contacter les agents susceptibles d’avoir été exposés à l’amiante et renforcer les effectifs de l’InvS (Institut national de veille sanitaire).Pour Aline Archimbaud, présidente du comité de suivi sur l’amiante : “Il serait irresponsable de croire que l’amiante est un problème du passé. Près de vingt ans après son interdiction, le drame sanitaire est bien devant nous ; on comptera 100 000 victimes en 2050. Si des mesures rapides ne sont pas prises par les pouvoirs publics, le désamiantage sera fait dans des conditions catastrophiques et c’est une seconde épidémie qui pourrait se développer, concernant notamment un million de salariés du bâtiment, dont les petits artisans, les salariés des entreprises de désamiantage, mais aussi les riverains“. Tous les bâtiments publics et privés construits avant 1997 (date de l’interdiction en France de l’amiante) contiennent potentiellement de l’amiante (l’ANDEVA estime à 20 millions de tonnes les matériaux contenant de l’amiante encore en place). Aline Archimbaud a adressé ce jour le rapport au Premier Ministre et a sollicité une rencontre afin de lui présenter les propositions du Sénat à mettre en oeuvre sans délai. On estime qu’en France, plus de 35 000 décès ont été constatés en France du fait de l’amiante entre les années 1960 et son interdiction. Compte tenu du délai entre l’exposition et la survenue de la maladie, 60 000 à 100 000 décès sont attendus dans les 20 à 25 ans à venir. “Certes, la France n’est pas le seul pays touché par cette catastrophe sanitaire, mais les carences de notre système de santé au travail et de prévention des risques professionnels, l’absence à l’époque de tout système de veille et d’alerte, l’existence d’un lobby industriel de l’amiante ont contribué à une prise de conscience tardive de ce drame“ jugeait le rapport sénatorial “
Le drame de l’amiante en France : comprendre, mieux réparer, en tirer des leçons pour l’avenir“ datant de 2005. David Bême Sources :Rapport d’information du comité de suivi sur l’amiante présidée par Mme Aline Archimbaud – juillet 2014 – (
consulter le rapport en ligne)Communiqué du Groupe écologiste du Sénat – juillet 2014Photo : SIMON ISABELLE/SIPAClick Here: All Blacks Rugby Jersey