Concilier crise d'adolescence et crises d'asthme
May 17, 2020 | News | No Comments
Alors que chez certains ados, l’asthme peut rester en sommeil, il s’aggravera chez d’autres… A cet âge, la prise en charge comporte quelques spécificités. Pour en savoir plus, nous avons interrogé le Dr Réfabert, pneumo-pédiatre et responsable de l’école de l’asthme de l’hôpital Necker-Enfants malades (Paris).
Doctissimo : Quelle est la proportion d’asthmatique parmi lesadolescents ?Dr Luc Refabert : La proportion d’adolescents asthmatiquesest sensiblement la même que celle des adultes, soit entre 5et 10 %. Les garçons sont un peu plus touchés que lesfilles, sans que l’on puisse réellement expliquer cetteprédominance masculine. L’influence de la puberté surl’asthme est assez mystérieuse. Mais l’on peut constaterqu’une certaine proportion des adolescents peuvent voir leur asthmerentrer dans une phase de sommeil durant cette période.Doctissimo : L’asthme disparaît-il à l’adolescence,comme on a longtemps eu tendance à le croire ?Dr Luc Refabert : Tout dépend de ce que vous entendezpar “disparaître“. Je dirai plutôt que dans la plupartdes cas, l’asthme se calme à la puberté. Cetteamélioration ne signifie pas toujours guérisoncomplète. Le terrain asthmatique est toujoursprésent. L’asthme peut entrer en sommeil, ou au contraireparfois s’aggraver. Il n’y a pas de règle. Mais comme faceà un volcan endormi, la surveillance et la prudence sont derigueur. Une chose est sûre : l’asthme aura d’autant plus dechance de s’endormir que le traitement de fond auraété correctement suivi et que l’adolescent ne se serapas mis à fumer.Doctissimo : Certains ados pourront alors abandonner leurtraitement ?Dr Luc Refabert : Jamais de leur propre chef ! Sil’adolescent voit disparaître ses crises, son essoufflementet tous les symptômes de la maladie, le médecin pourrajuger de l’état de la fonction respiratoire etéventuellement envisager une diminution progressive desdoses puis éventuellement une interruption du traitement.Mais l’asthme nécessite souvent de continuer un traitementde fond, condition généralement indispensable pour nepas voir ensuite réapparaître brutalement lescrises.Doctissimo : Cette période de toutes les révoltesrend-elle la prise en charge difficile ?Dr Luc Refabert : Gérer les crises d’asthme en pleinecrise d’adolescence n’est pas chose facile. Le refus del’autorité à cet âge peut entraîner unabandon du traitement de fond ou un suivi pour le moinsaléatoire. Une telle conduite augmente les problèmesd’absences scolaires ou de socialisation, par la participation auxactivités sportives par exemple. Mais le plus grand ennemiest sans conteste le tabagisme.Doctissimo : Comment aider ces jeunes à résisterà la cigarette ?
Dr Luc Refabert : Le tabagisme est particulièrementnocif pour l’asthmatique. Il est associé à uneaggravation de la maladie. Réussir à éloignerles ados du tabac est un réel défi, sur lequel nombrede bonnes volontés se sont cassé les dents.Cependant, au-delà du rôle du médecin et desparents, il s’agit-là d’un véritable problèmede santé publique. Tant que le tabagisme seratoléré dans certains lycées, que la plupartdes restaurants n’appliqueront pas la loi Evin avec la mise enplace d’un coin fumeur…Les interdits sont très peuefficaces s’ils viennent des parents. Ils sont en revancheexcellents s’ils sont publics (école…) et s’ils paraissentlogiques et raisonnables, s’ils formulent une règlegénérale qui ne met pas en cause la personne.L’interdit spécifique aux mineurs est un chiffon rougeagité devant un taureau.
Enfin, le joint de cannabis est encore plus nocif pourl’asthmatique : l’absence de filtre et la quantité variablede tabac entraînent une absorption de goudrons et de monoxydede carbone trois fois supérieure à celle d’unecigarette. Ces composés sont connus depuis trèslongtemps pour contenir de très nombreux poisons de lafonction respiratoire. Les risques sont multiples mais pourl’asthmatique il existe un risque à court terme de crise(dont la gravité est imprévisible) et un risque dedégradation très lentement progressive descapacités respiratoires.Doctissimo : Le rôle du médecin traitant est-ilparticulier à cette période ?Dr Luc Refabert : A cette période charnière dela vie, le rôle du médecin traitant estprépondérant. La prise en charge ne doit pasempêcher l’adolescent de se constituer sa propreidentité. Il faut lui laisser suffisamment d’espace pourqu’il se prenne lui-même en charge. Pour ma part, jen’hésite pas à demander aux parents de me laisserseul avec l’adolescent. Ces consultations individuelles permettentd’avoir des réponses aussi vraies que possible maiségalement d’entamer une relation de confiance. Il fautessayer de dépasser la simple vision“médecin=autorité médicale“.Propos recueillis par David Bême, le 26 avril 2004Click Here: cheap sydney roosters jersey