Hors Normes : comment de véritables autistes ont pu jouer dans le film d’Eric Toledano et Olivier Nakache

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Dans “Hors Normes”, Eric Toledano et Olivier Nakache ont dirigé de véritables autistes. Avec Vincent Cassel et Reda Kateb, les deux comédiens principaux, ils nous racontent comment ça s’est passé, en amont et pendant le tournage.

Dans Hors normes, le nouveau film d’Eric Toledano et Olivier Nakache qui sort en salle ce mercredi, Bruno (Vincent Cassel) et Malik (Reda Kateb) vivent depuis vingt ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés “d’hyper complexes”. Lors de la présentation du film en avant-première lors du dernier Club 300 d’AlloCiné, les deux cinéastes se sont livrés à l’exercice du question/réponse avec le public et à cette occasion, ils sont revenus sur la manière dont ils ont tourné avec des enfants autistes. 

Une question de temps

“On s’est demandé comment on pouvait raconter au mieux cette histoire, se souvient Eric Toledano. Très vite on a demandé aux médecins, aux gens qui entouraient les associations : ‘Est-ce que vous pensez qu’ils peuvent tourner ?’ Ils nous ont expliqué que c’était une question de temps : le temps qu’on les habitue aux décors, à nous, aux comédiens. Bien en amont, quand on était en montage du Sens de la fête, on a commencé à aller dans des associations, notamment une qui s’appelle Turbulences et qui fait des spectacles avec des enfants autistes et où on a proposé un atelier de théâtre. On a commencé à écrire des scènes et à voir comment ils arrivaient à les jouer.”

“Après, il y a aussi un problème d’éthique qui se pose : est-ce qu’ils ont envie de jouer ? Ça, il y a des moyens de le décrypter, observe-t-il. Par exemple, il y avait des rendez-vous pour cet atelier de théâtre. S’ils revenaient, c’est que ça les intéressait, sinon ils ne revenaient pas. Il a fallu beaucoup de temps et on a utilisé le petit crédit qui était le nôtre pour pouvoir demander aux producteurs du temps pour pouvoir mettre tout cela en place.

Benjamin Lesieur : le coup de foudre

“La première personne qu’on a approchée, c’est Benjamin Lesieur, Joseph dans le film. Ça a été un coup de foudre, se rappelle le réalisateur. D’abord Joseph, dans le film, il communique, mais en vérité, Benjamin Lessieur ne communique pas du tout. Ça a été une expérience assez riche pour nous, car les autistes sont des gens qui sont dans le lâcher-prise donc le jeu était très facile, il y avait très peu de souci dans la manière dont il se représentait. On l’a choisi, on lui a présenté les comédiens…”

“Moi, j’avais pas mal de scènes avec Benjamin, indique quant à lui Vincent Cassel. Quand on joue avec les autistes, le texte, c’est une espèce de toile de fond dans laquelle on essaie de retomber quand il y a des choses qui sont vraiment importantes au niveau de l’information qui doit être distillée dans le film, mais sinon il faut composer avec lui, qui dira ce qu’il veut, quand il veut.”

De vrais éducateurs

“La grande question, c’était de savoir où la réalité rencontrait la fiction, insiste Eric Toledano. On travaillait avec des enfants autistes, mais que les comédiens ne pouvaient pas gérer, donc notre seule solution, c’était de faire appel à des référents de ces associations. Les deux associations ont une centaine de référents. Au début, on s’est dit qu’on allait prendre des comédiens et les envoyer dans l’association et voir comment ça se passait, mais ça prenait trop de temps. Et quand on débarque, la violence elle n’est pas théorique, elle est concrète. Il y a un espace de préhension et si on le passe quand le jeune ne nous connaît pas, on peut se prendre un coup.”

“C’était trop complexe, donc on a fait l’inverse : la directrice de casting a fait passer les cent éducateurs et évidemment, il y en avait 80 qui étaient bons dans les 100 et on ne savait même plus comment choisir. Le plus gros rôle, c’était l’assistant de Vincent, qui s’appelle Djibril, Fabrice dans le film. Il était tout de suite drôle.”

Ne rien voler à personne

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“On a dit aux comédiens dès le départ que ce serait un travail de longue haleine, qu’il faudrait être dans le contact, être proche de ces enfants. Les deux chefs d’association [Stéphane Benhamou et Daoud Tatou, qui ont inspiré les personnages de Bruno et Malik] ont accepté, puisqu’on faisait le film sur eux, de mettre l’association à contribution. On a demandé à tous les parents, en faisant des réunions pédagogiques, et en expliquant qu’à aucun moment il y aurait un côté voyeuriste, qu’on essaierait au maximum de défendre ce que faisaient Stéphane et Daoud depuis des années.”

“Rien n’a été volé à personne, confirme Reda Kateb. Si par exemple, un jeune autiste, plus fragile que les autres, avait un moment de difficulté, jamais la caméra n’allait le pousser dans ses retranchements, jamais elle n’allait chercher cela. Les autistes que vous voyez, qui ont un rôle vraiment important dans le film, ce sont des gens qui sont des artistes, qui ont déjà des activités artistiques à côté et qui avaient vraiment du plaisir. Rien ne s’est fait autrement que dans le plaisir.”

La bande-annonce d’Hors normes :

Hors Normes Bande-annonce VF

 

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